01-04-2019
Vanoise
1900
1470
3372
PD
7h30
1

Ayant prévu un week-end détente spa/ciné/resto, Emeric avait bien envie d'aller se dégourdir les jambes le lundi, surtout que niveau météo la suite de la semaine s'annonçait mal, et le week-end suivant aussi.

Quant à moi j'avais un peu faim de montagne, ayant attaqué ma saison de ski un peu tard.

 

J'ai donc sauté sur l'occasion, histoire de faire mentir Claude François et ses lundis au soleil qu'on ne verra jamais. Petite négociation pour poser le lundi en congé et me voilà embarquer dans l'aventure.

 

J'avais déjà eu l'opportunité de partir avec Emeric la semaine précédente lors du rassemblement dans le Champsaur, et on peut dire que la réputation de skieur-alpiniste du Président n'est plus à faire.Tout de suite les préparatifs me mettent dans l'ambiance, vue la liste de matos nécessaire : baudrier, micro traxion, piolet et crampons. Ça s'annonce bien !

 

Nous nous retrouvons donc le dimanche soir pour partir de Lyon vers 17h, direction Champagny en Vanoise.

 

Dans la voiture la discussion arrive vite sur « et tu sais quoi faire si tu tombes dans une crevasse ? »

Pas de stress, ça va bien se passer...

 

Arrivés vers les pistes de ski de fond de Champagny à 1470m, nous faisons une courte pause repas, avant de s'équiper pour partir à la frontale à l'assaut du refuge du Plan des Gouilles vers 20h.

« Une montée efficace » m'avait-il promis, il n'a pas menti !

On commence par une partie en forêt, ça avance bien, jusqu'à ce que ma frontale me lâche. Pas de panique, j'ai des piles dans le sac. Mais sans lumière et en pleine pente la manœuvre est moins évidente que prévue. Couteaux aux skis, nous arrivons finalement au refuge à 2350m vers 22h30, après un très bref cours sur les étoiles : « là, c'est la Grande Ourse, le reste j'en sais rien du tout ! ». 880m de D+ en 2h20 et nous voilà devant la porte.

 

L'entrée du refuge se fait par la porte du dortoir à l'étage, frontale sur la tête, ce qui n'est pas du goût des skieurs déjà endormi qui ne manqueront pas de nous le faire remarquer le lendemain : « c'est vous qui avait balayé le dortoir avec une lumière hyper forte hier ? » Hum, pour la discrétion on repassera...

 

On met les peaux à sécher, une tisane et au lit !

 

« Tu as oublié les bouchons d’oreilles ? Grosse erreur, je ronfle ! »

Au-delà de ça, le dortoir à 9°C et une bonne crève m'ont fait passer une « nuit » éveillée...

Idem pour Emeric, je ne l'ai pas entendu ronfler !

 

On quitte le refuge bons derniers à 8h20 en direction de la pointe du Vallonnet, en passant par le glacier du Troquairou où je chausse les couteaux assez rapidement. On laisse sur la droite le Grand Bec et sa glace bleue où s'engage deux autres téméraires qui finiront en crampons jusqu'en haut.

On rejoint alors le col des Volnets, au pied de la pointe convoitée.

Déjà là je ne respire plus depuis 1h... Pas facile les efforts à cette altitude avec une seule narine !

 

Vient alors la partie plus alpi, crampons, piolet et encordement pour limite les risques. Les skis sur le sac et nous voilà partis à la conquête de la pointe du Vallonnet !

J'honore le dicton « qui chausse les crampons fume son pantalon ! », il paraît qu'il faut marcher comme un chat-raignée, je manque clairement de pratique.

 

On arrive finalement en haut vers midi-midi et demi, et la question se pose : qu'est-ce qu'on fait ?

  • Soit une traversée de l'arête qui nous sépare du Grand Bec, mais plus engagé que la montée et je ne suis pas chaud du tout
  • Soit une descente au glacier du Troquairou et refaire 500m de D+ jusqu'au Grand Bec, pas trop en forme pour envisager ça
  • Soit une descente par le versant sud et faire du stop en bas pour rejoindre la bourgade de Champagny
  • Soit redescendre jusqu'à Champagny par le versant de montée

 

C'est finalement la dernière option qui l'emportera. La descente est mitigée sur une neige dure qui n'a pas transformé. On choisit un itinéraire qui évite les crevasses et les barres rocheuses, le nez sur la carte. Le bas laisse place à une petite neige de printemps, assez tracée, où l'on tente d'imiter Edgar Grospiron sans beaucoup de succès...

 

La fin de la course rejoint les pistes de ski de fond sur un petit kilomètre, où il faut avouer que l'on est loin d'être Martin Fourcade avec nos sacs à dos, nos baudars et nos skis de rando.

 

Petite pause post-effort dans un gîte à la déco atypique avant de reprendre la route, où Emeric se renseigne du nombre de couchages.

Parce qu'un rassemblement du Gaul en Vanoise, ça serait pas mal non ? Et puis les 1900m de D+ jusqu'à la pointe du Vallonnet, c'est faisable en une journée ?

 

Claude François ne pouvait pas se douter qu'en 2019, avec les 35h et les RTT, les lundis au soleil c'est possible, et ça ne sera sûrement pas le dernier !