01-05-2019
Ecrins
1400
1900
3300
F
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6h20 ce mercredi matin, ma femme et des amis nous font la surprise de nous rejoindre au Plan du Carrelet pour passer la journée au soleil avec nous. Je sursaute. Il est 5h20, le réveil vient d'interrompre mon rêve et, si soleil il y a, ce sera pour nous accompagner sur 1600 m de montée.

Oliver et moi sommes arrivés la veille avec les derniers rayons sur les sommets environnants. Il connaît le coin, y compris le sommet, mais n'a jamais fait cette course à ski. Le chemin qui part de la Bérarde vers le Carrelet (1909 m) est en partie enneigé. Le refuge (non gardé) spartiate mais en bon état. Il y a notamment des couvertures et un bidon pour l'eau.

Départ 6h10, avec le jour. Nous sanglions dans les arbustes et traversons plusieurs cours d'eau, heureusement sans devoir ôter nos chaussures. Toujours skis sur le dos, nous attaquons rive gauche la montée dans la vallée qui mène au glacier du Chardon. Elle est encombrée de rochers et de coulées d'avalanche sur lesquelles ils n'est pas toujours aisé d'avancer.

Sur le glacier, la progression est facile et le paysage va évoluer de sauvage à étincelant. Deux autres randonneurs, dont Julien (du Gaul), nous rattrapent. Ils ont dormi sur le parking à la Bérarde. Deux autres sont visibles bien au-dessus de nous, déjà sur le glacier des Rouies.

Il faut maintenant trouver « le » passage raide pour rejoindre ce glacier. Ce bref couloir flanqué d'un champignon de glace ? Probablement pas, il est trop bas et étroit, je continue à monter.

Ce long couloir juste après l'éperon rocheux, comme signalé par la gardienne du chalet Alpin de la Bérarde ? Non, je suis à 2750 m, j'ai donc dépassé l'altitude repère. Quelle andouille, je redescends.

A 2700 m, la voie normale se situe avant l'éperon. Elle est tracée, correctement enneigée mais exposée puisqu'elle passe entre des barres rocheuses. Elle monte en oblique vers la droite.

Couteaux fixés sur les skis, piolet d'une main, bâton de l'autre, ça passe bien. On distingue les rochers dans deux ou trois trous. Cette pente est sujette à des reptations quand il fait plus chaud, a dit la gardienne au téléphone.

C'est en prenant pied sur le glacier des Rouies que Julien et son copain vont nous dépasser. Je commence à ressentir la combinaison haute altitude-dîner trop léger-entraînement récent insuffisant–rhume, je ralentis. En plus, c'est mon tour de porter la corde. Olivier passe devant.

Au bout d'un moment, lessivé, je dois m'arrêter pour manger davantage qu'une poignée de fruits secs. Nous repartons, ça va un peu mieux pour moi mais Olivier, nauséeux, déclare forfait à un peu moins de 3300 m. Mince alors, il a pourtant une sacrée caisse.

Nous entamons la descente à 11h45. Il fait toujours très beau, mis à part quelques décorations nuageuses. La neige est collante sur la partie haute mais s'améliore ensuite.

Nous pensons à Emeric quand nous approchons le passage raide. Il faut bien suivre ses traces de montée. Sinon on risque de se retrouver sur le champignon de glace vu à la montée, c'est peut-être là où il est tombé. J'en parlerai avec lui quelques jours plus tard, photo à l'appui. Reconnaître l'endroit exact est difficile à cause de l'enneigement différent.

Le glacier du Chardon est une agréable piste bleue, nous glissons sur une moquette parfaite. La fin de la descente est plus physique. Nous choisissons un itinéraire à flanc de montagne, sur la rive droite, ce qui nous évite des passages sûrement devenus scabreux à cause de la neige ramollie. Il n'empêche, nous devons évoluer sur les gros blocs de neige de deux grandes coulées. Nous finissons par le franchissement des cours d'eaux et des bosquets sur le Plan du Carrelet et nous retrouvons le refuge vers 13h10.

Pique-nique au soleil, sieste, nous repartons, non sans croiser Julien et son pote vers 14h30 : eux sont arrivés au sommet (3589 m). Bravo les gars.

En résumé, encore un endroit magnifique, où réunir les conditions d'accès, de météo et de nivologie ne doit pas être évident... et où il vaut mieux arriver en forme.

Petit mystère, nous avons eu des infos contradictoires sur le refuge du Carrelet : est-il gardé l'été ou est-ce une grosse maison privée (hormis une pièce) ?