23-08-2016
Ecrins
900
2577
3476
F
Michel

Après être monté au Gioberney avec Michel, qui m'a demandé de lui faire découvrir la montagne, je choisi un nouvel objectif. Initialement, je ne pensais pas faire cette course. Le glacier est en mode fin de saison, toute la première moitié est bien ouverte, en glace vive et plutôt en pente.

Mais la veille, Michel s'est très bien comporté lors des différents exercices que je lui ai concocté à la descente du Gioberney. Je décide donc de m'engager avec lui sur le glacier, direction la pointe de la Pilatte. Je n'imagine pas aller en haut, le but est plutôt d'évoluer sur glacier, et d'aller le plus loin possible, en surveillant l'horaire et et observant une large marge. Je suis accompagné par Rémi, qui emmène lui aussi un débutant, et une cordée Flamande (un père et son fils), très heureux de ne pas être seuls sur le glacier.

J'ai eu tout le loisir d'observer le glacier sous tout ses angles depuis le Gioberney. La première moitié est en glace, et le haut en neige, avec de larges crevasses. La rimaye sous la pointe de la Pilatte ne me semble pas passer. Les guides ont tracés sur une photo, laissée au refuge, un itinéraire différent de d'habitude. En effet, l'habituel remonte plus ou moins droit dans la pente, mais est impraticable désormais: trop de crevasses. Le nouveau suit un cheminement complexe sur le glacier, remontant entre les crevasses jusqu'à la neige, puis contournant une autre zone de crevasses obligeant à un large détour jusqu'à l'aplomb du sommet NW.

Il est 5h quand on s'élance dans la nuit vers les cables. Ceux ci laissent vite place à des échelles, et nous permettent de descendre prendre pied sur le glacier. On s'équipe, le jour se lève. Les flamands devant, Rémi derrière, on s'élance sur la glace. Le début est simple, mais rapidement les premières crevasses nous obligent à louvoyer. Puis nous attaquons la première pente. Arrivé en haut de celle-ci, on rattrape la cordée Flamande, qui hésite sur le chemin à suivre.En effet, ce que l'on pensait être la trace des guides emprunterais une vire en rocher instable, juste sous les séracs. Ou alors un pont de neige extrêmement fin. ça me parait gonflé. J'utilise les broches des kits de mouflages pour construire un relais, car nous préférons remonter tout droit dans une pente de glace assez raide sur 10m. Obligé de cramponner pointe avant et de jouer du planté de piolet. Une fois en haut, rebrochage pour assurer Michel qui monte à son tour. Puis nous rejoignons une zone moins chaotique, que nous remontons jusqu'à un replat. Enfin la neige. La cordée Flamande préfère redescendre, cette première moitié à eu raison du moral du fils. Le père nous souhaite bon courage, tout en se risquant à un pronostic "vous avez fait le plus dur, je pense!". En contrebas, je ne vois plus Rémi. Nous sommes seuls et j'hésite un peu à continuer.

Un coup d'oeil à la montre, il va être 8h, nous sommes dans les temps. Je décide de poursuivre. Le terrain est plus facile, enfin la neige. Cependant je reste très prudent, au moins la glace permettait de bien voir les crevasses. D'ailleurs on se retrouve dans un cul-de sac, coincé entre d'énorme crevasses. Erreur d'itinéraire, il fallait tirer encore plus à droite. Retour en arrière pour contourner la zone. Ensuite, nous remontons vers le col des Bans. On est encore obligé de tirer de larges courbes pour contourner des crevasses et murs de neige, heureusement désormais plus rare. Arrivé sous le col, les pointes ne sont plus loin. Un coup d'oeil à la montre: "ça le fait!". Nous remontons jusqu'à la rimaye, je m'attends au but. Celle-ci n'est pas si ouverte, mais un coup d'oeil sur les cotés laisse apercevoir des ponts de neiges bien fin. Je n'ai pas envie de m'engager sur ceux-ci. Mais je repère un passage rocheux facilement accessible en contrebas. Hop, je saute sur la plateforme et grimpe dans quelques mètres de rocher (très) facile. On raccourci l'encordement au max, c'est la dernière pente de neige, plutôt raide. Puis voilà le sommet, il est 10h. Je suis très heureux, je ne pensait vraiment pas le faire ce jour là!

On ne traine pas, car il faut penser à descendre. Je veu repasser les ponts de neige du haut pendant qu'ils sont encore à l'ombre. On rejoins la glace, qu'on retrouve avec ses crevasses. Je réinstalle mon relais et mouline Michel dans la pente, avant de le rejoindre. Puis la descente sur le bas du glacier, qui ruisselle de partout. On croise en bas des échelle un grand groupe, sans doute en école de glace. Puis c'est le retour au refuge et la bière avec le camarade Rémi! Eux ont rebroussé chemin à la fin de la glace, au même endroit que les Flamands.

Au final une très jolie course, qui dans ces conditions cote PD plutôt que F