22-04-2019
Mont Blanc
1200
1700
3300
AD
8h
1

Aujourd'hui on quitte notre nid d'aigle tout là haut au dessus du glacier de Leschaux. Finalement on s'y fait, à la corvée d'eau du funambule, aux toilettes en l'air, et Sylvie réussit même à fermer la porte...avant que la goupille ne lâche définitivement. On peut même proposer notre candidature à Voyager pour conseiller les clients en lyoph (et la boite aussi sur certains moins bien réussis que d'autre...).

Bref, un coup de balai et on s'équipe d'abord pour descendre dans la neige durcie puis on se déséquipe pour descendre ces famauses échelles qui enchantent tant Minh, et retrouver nos skis laissés sur le glacier la veille. Un trou dans la neige pour laisser nos affaires de nuit et autre surplus de nourriture et nous voilà partis à l'affront du vent qui rendra notre progression bien pénible. Que ce soit sur le glacier en bas, ou sur le glacier qui mène à notre couloir sous la pointe de Leschaux. Ce dernier est assez raide et la neige encore dure, avec des boules parfois, il s'agit "de ne pas se la mettre", quand certaines rafales sont plus déstabilisantes que d'autres. Le soleil est bien timide, les nuages restent bien accrochés autour des Jorasses. Et puis, ça fait du bruit, ce vent : on s'en rend compte quand Emeric - pour une fois !- parvient à trouver un endroit à peu près abrité pour faire la pause. Ce petit plat abrité sur le glacier est bienvenu. Les discussions sont entamées pour savoir qui monte...ceux qui veulent skier le couloir se rendent bien à l'évidence que les conditions de rêve ne sont pas réunies, et d'autres en ont assez pour la journée. JC, S et D décident de faire demi-tour, les autres vont tenter de braver les éléments ;-)...

L'approche du couloir se fait sans problème même si la neige est toujours aussi dure. Le vent a un peu faibli mais il fait toujours son oeuvre. On déchausse peu avant la rimée et M décide de porter les skis...il a visiblement un truc à faire lui aujourd'hui ! E passe devant pour le passage de la rimée, sans problème. Puis la montée commence vraiment : il faut bien monter au bord car le centre du couloir est ravagé par de grosses baignoires, bien gelées, faites par de grosses coulées. Ce que je ne fais pas au début et me fatigue en pointe-avant sur quelques dizaines de mètres en me disant "là, ça va pas le faire jusqu'en haut comme ça...". Et puis le vent ne faiblit pas, et comme la veille, des cailloux sont arrachés par le vent et descendent le couloir. E décide de faire demi tour. Et M décide de chausser. Je le laisserai raconter ses impressions de descente, étant trop concentrée sur ma propre descente pour le regarder faire. E installe un long rappel qui nous permettra à tous les 2 de traverser la rimée plus facilement (et encore un ficelou abondonné...). Oui parce M la passe à ski !

Sortis du couloir, nous profitons d'une longue et belle descente soutenue, parfois transformée, parfois pas, jusqu'au bas du glacier où nous faisons une pause casse-croute très rapide car le vent ne faiblit pas et le soleil joue toujours à cache-cache. Mais la visibilité est bonne. Et puis faudrait pas rater le train de montenvers, sachant que D a mis 40 min pour remonter de la grotte. Plus bas, la neige colle souvent, et on traverse carrément des flaques d'eau bien bleues. Il est surement un peu tard pour se trouver là...mais nous ne sommes pas tout à fait seuls puisque nous retrouvons deux groupes qui reviennent de la Vallée Blanches. Plusieurs arrêts pour admirer ce paysage impressionnant à la confluence des glaciers, faire nos au revoirs au vallon de Leschaux.

La remontée n'est pas à négliger car les oeufs ne tournent pas : on monte d'abord une bonne série d'escaliers en métal (les récents) puis en béton (les anciens, avec des pancartes "limite du glacier en 1990") et enfin un bon chemin enneigé jusque à la gare. Et là, c'est un peu le choc : le monde entier est là en escarpin, maquillé, parfumé, coiffé à parler dans toutes les langues (mais surout japonais et chinois) ! Qu'il est loin notre petit nid d'aigle...Le train est bondé.

A la gare en bas, les 3 autres viennent nous retrouver pour boire le traditionnel pot de l'amitié en terrasse, toujours un peu ventée, mais un peu plus ensoleillée. Nous apprendrons par la radio dans la voiture que tout ce vent a emmené du sable d'Afrique du Nord et suspension dans l'air, ce qui expliquait le ciel laiteux qu'on pouvait observer cette journée-là. Dingue.

Je remercie Emeric pour cette fabuleuse idée, et tous les autres pour avoir contribué à la mettre en pratique de la manière la plus agréable qui soit. Oui, c'est vrai, on a renoncé 2 fois mais "séjourner" dans la montagne, là au pied des cathédrales, en bonne compagnie, ça suffit déjà à raviver mes plaisirs d'alpinistes !