10-01-2021
Ecrins
D
1

Nous décidons ce dimanche de tenter l'une des cascades les plus fréquentées de France. Son nom d'une poésie rare incite à la concupiscence, je vais tâcher de faire un compte-rendu à l'unisson.

Lever 6h pour arriver aux Fréaux au petit jour, on espère bien être les premiers au pied de cette belle cascade de 5 longueurs en IV+. Malheureusement, on se rend vite compte dans l'approche, dont la raideur pourrait faire l'objet de comparaisons phallucieuses, qu'aujourd'hui, il y aura foule sur la Croupe de la Poufiasse : 3 cordées de jeunes mâles en rut nous ont précédés dans un froid mordant. Mieux valait sortir couvert ce jour !

Nous nous équipons donc au pied de la Croupe puis attendons que ces 3 cordées commencent leur petite affaire... Enfin, c'est au tour de Thibault de s'élancer sur la Croupe. La glace est dure, il s'y reprend souvent à plusieurs fois pour pénétrer profondément la glace. Il passe un petit ressaut, je ne l'ai plus en visu. Je sens au bout de la corde qu'il hésite, redescend, je suis obligé de ravaler du mou... jusqu'à entendre finalement un "Relais vaché" libérateur.

C'est donc à moi de commencer à grimper, je commence par une petite glissade. Faut que je me méfie, je n'ai pas l'habitude de pratiquer sur ce type de terrain. Heureusement, de petites marches et des trous pour les piolets ont été laissés par nos prédécesseurs. On sent bien qu'on est loin d'être les premiers à passer sur cette Croupe.

La 2ème longueur est pour moi, elle est facile même si elle se termine par un petit coup de cul bien humide. Je rejoins au relais 2 grimpeurs, au pied du crux de la voie, une large colonne raide en IV+ d'une quarantaine de mètres. C'est notamment cette colonne qui a inspiré le nom de la voie car elle peut faire penser à la queue de la croupe de certains mammifères. L'attente dans le froid est interminable.

Je m'élance finalement sur ce qui constitue donc la queue de la Croupe, je me sens à l'aise sur ce terrain malgré la raideur. Les ancrages sont excellents, de petites marches facilitent la progression, ce qui ne m'empêche pas de me protéger. Un passage plus humide ne m'arrête pas, bien au contraire, les outils pénètrent plus profondément. Je sors finalement sur une pente de neige et fais relais sur un arbre. Je n'ai plus Thibault en visu mais il a dû s'élancer à corde tendue sur les derniers mètres.

Il me rejoint finalement et je n'ai pas besoin de beaucoup insister pour que l'on décide de s'arrêter là : l'attente à l'attaque et au pied du crux combinée à l'ambiance frigide sur la Croupe a refroidi nos ardeurs. C'est en rappel que nous décidons de redescendre la Croupe. Thibault laisse échapper un piolet, heureusement sans conséquences pour la cordée qui a eu l'idée saugrenue d'attaquer la cascade à une heure bien tardive.

Il faudra donc revenir pour profiter jusqu'au bout de cette Croupe de la Poufiasse qui ne nous a pas dévoilé tous ses atouts !