05-02-2022
Ecrins
D
1

A Saint Christophe s'est réuni le gratin des glaciéristes du Gaul (en devenir). Une belle ambiance et un repas en quantité gargantuesque, parce qu'il faut bien lester les estomacs pour calmer tout ce monde là. Voilà qui a permit une bonne nuit de sommeil. Tôt ce samedi matin, les réveils sonnent et les yeux s'entrouvrent. La sortie encadré doit rejoindre un guide à La Grave, qui a donné une heure de RDV abusément matinale. Avec Aurélien et Olivier, nous visons une sortie de notre côté, dans le vallon du Diable. Par solidarité, nous avons décidé de nous lever avec le reste du groupe.

Arrivé au parking à Saint Christophe, on blêmi : celui-ci est déjà plein. Vous déconnez, il est à peine 7h30 ! Un rapide scan des pentes nous entourant nous fait laisser les skis dans le coffre, on refait rapidement les sacs et on part au trot sur le sentier. On double une cordée, on se fait rattraper par une autre, cette approche à des airs d'épreuve olympique. En 30mn de marche rapide sur un chemin bien tracé, nous arrivons au coeur du vallon, face aux cascades. On sort le topo pour repérer les lignes. C'est globalement formé, et sans surprise il y a du monde partout. Passant sous "La verge du démon", la grande classique du secteur, on laisse échapper un petit sifflement d'admiration tant la ligne est soutenue et verticale. Olivier tente un "on irait pas voir dedans ? ça a l'air bien tracé ça sera plus facile!" mais on le raisonne rapidement à l'idée d'enquiller du 5+ en guise de reprise, fusse t-il tracé. Traversant sous le secteur, on fini par arriver au pied de notre objectif du jour : "Les larmes du chaos", une belle classique du vallon annoncé 4 sur le topo. C'est bien tracé et suffisamment fourni en glace, tout serait parfait si la cordée qui nous a doublé lors de l'approche n'était pas en train de s'équiper à son pied.

On prends notre mal en patience et on les laisse prendre un peu d'avance. Mais rapidement, le leader revient s'abriter à l'attaque. ça s'est mis à parpiner sévère, des missiles dévalent la cascade en vrombissant. Personne au dessus, les coupable sont sans aucun doute un groupe de chamois qui échappe à notre vue. On attends un peu, ça se calme et la cordée repart enfin. On les laisse finir la première longueur, et on s'élance à notre tour. Maintenant que leur leader est dans L2, les parpaings laissent place aux assiettes. En serrant bien la rive, je parvient à ne pas trop m'exposer aux glaçons, et arrive entier au relais, avant d'y être rejoint par mes compagnons. Pendant qu'on attends que la suite se dégage, une assiette un peu plus grosse que les autres vient rebondir pour finir sa course dans le visage d'Aurélien. Il se tord de douleur, on s'inquiète devant le sang qui coule de son nez, mais il s'avérera finalement que ce n'est qu'une blessure superficielle.

L2 est plus verticale, mais là encore bien tracée. La glace ancre bien, et on ne fait pas tomber grand chose : c'est donc juste nos prédécesseurs qui grimpent lourd. Arrivé à R2, celui-ci est inconfortable, alors je poursuit jusqu'à R3. Pendant qu'Olivier et Aurélien me rejoignent, ils se font doubler par une cordée qui déboule mac 12. Les cordes s'emmêlent et les glaçons fusent à nouveau, l'instant n'est pas très agréable. Heureusement, les types s'avéreront plutôt sympas, ça nous aidera à avoir le pardon facile. Je passe le lead à Olivier, qui randonne dans (l'avant) dernière longueur. La suite n'a l'air d'être qu'une vague pente de neige sans intérêt, alors on décide de tirer nos rappels d'ici.

Arrivés au pied, on grignote un morceau en devisant de la suite du programme. Puisqu'on est là, autant enchainer avec la ligne d'à côté! Il s'agit du "prix de la consolation", deux longueurs en 3/4. Aurélien s'élance dans la première, un ruiselling dans une gorge étroite qui promène bien : pas désagréable. Cette longueur amène à un petit cirque, où un mur court mais raide nous surplombe. Olivier s'élance dedans et nous offre une belle démo de grimpe tout en finesse. En second, on souffre un peu plus : c'est moins tracé que la voisine, un peu plus technique, du coup on a toutes les peines du monde à imiter la démo. Puis, retour au pied de la voie. Nous sommes en début d'aprem', la fin de journée quand on raisonne en horaire cascade. Alors on décide de plier bagage. Non sans lorgner encore sur la Verge du Démon, on sent bien qu'elle en colle une à Olivier ...