11-07-2022
Mont Blanc
4013
D
1

Camp pirate 2022, Val Ferret, camping "Grandes Jorasses". Lendemain de course. Je sors de ma tente et me fais interpeller par Babeth, assise avec Claire au petit dej' : "Olivier, j'ai une question existentielle : pourquoi une face Nord ??"

 

Effectivement, d'habitude je suis nettement plus typé "Calanques" que "grandes hivernales", mais aujourd'hui la réponse est simple : pour être seuls !

 

Il y a encore 3 semaines, cette arête Nord de la dent du géant n'était pas décrite sur camptocamp. Je l'avais découverte dans le magazine "Vertical" de juin 2020, qui la décrit comme "un itinéraire injustement négligé". Les photos font rêver. Je propose à Benoît, pas dur à convaincre.

 

Nous nous retrouvons donc en bas du Skyway Monte Bianco, lui arrivant de Pralo, moi de Lyon. Après 2000m gagnés sans effort, nous arrivons au Torino, le "refuge" qui se rapproche sans doute le plus d'un restaurant d'aire d'autoroute. Self-service, repas médiocre et des italiens à peine sympathiques (!)

 

Petit déj demandé pour 4h. On arrive à 4h10. "Dépêchez-vous, c'est un peu limite" ; sous-entendu la vague de 4h30 va arriver, alors magnez-vous (4/10 sur l'échelle de Tré la Tête).

 

Départ 5h. Arrivée à la salle à manger un peu avant 7h. Ça commence déjà à ressembler à l'A7 à l'ascension. De notre côté, on continue pour découvrir la face Est et son approche (très) expo. On longe cette face en descendant, d'abord sur 30 mètres en neige dure et très raide. Zippette interdite, je ne fais pas le fier. On prend ensuite pied sur du rocher pourri, mais on trouve rapidement un béquet et un anneau de rappel en bon état. Ouf. 3 petits rappels plus bas (ça passe peut être en 3x 25m, mais on n'a pas tenté), on prend pied sur une petite terrasse qui ressemble assez à la description du topo c2c. Problème, le topo "Vertical" donne l'attaque à 3750m. Nos deux montres indiquent plus de 3800... On continue donc à descendre dans du rocher branlant en cherchant le fameux dièdre de départ. Après 2 allers-retour de 50m, on décide que le premier départ était bien le bon.

 

La première longueur réveille bien, même si ce n'est que du 4b. Après quelques soucis de tirage, on se fait rattraper à R1 par un gars en solo auto-assuré ! Cette pratique masochiste nécessitant de réaliser 2x chaque longueur, on ne le reverra ensuite plus. Nous sommes seuls dans une voie à la dent du géant !

 

On attaque l'arête N, bien à l'ombre et bien dans le vent. On conseille donc cette course pour les journées chaudes ! Il y a deux écoles : j'opte pour le combo chaussons + gants, Benoît pour grosses + mains nues. Au final, j'aurais quand même eu l'onglée aux 2 mains et 2 pieds. Mais la vue et l'ambiance sont incroyables. On ne sait plus où regarder. Mont Blanc, Tacul, Maudit, Grand Capucin, Aiguilles, Drus, Verte, Droites, Jorasses, Rochefort, ... Tout ça sur un rocher globalement très bon.

 

Le pas de 5a de la voie m'a paru bien plus dur que ça, mais c'est le seul à être protégé par un vrai spit. Pour le reste, quelques pitons dans les dalles, sinon tout se protège très bien.

 

Arrivés au sommet, changement d'ambiance. Soleil et brouhaha. Panorama exceptionnel avec la vierge qui veille sur le versant italien. Vient le moment des rappels : c'est la cour des miracles. Un guide apprend visiblement à ses 2 clients comment faire des rappels... Incroyable. On a 4 cordées devant nous (pas les plus dégourdies) et on commence à s'inquiéter pour la dernière benne. Finalement, on arrive à accélérer une fois arrivés au premier relais intermédiaire. Téléphérique atteint à 17h10 pour une fermeture des portes à 17h20 !

 

Au final, en connaissant la voie, ça peut valoir le coup de monter en téléphérique le matin et dormir à Torino le soir, pour grimper plutôt l'après-midi et avoir le soleil comme sur la photo du magazine :-)

Ça évite aussi de ne pas se stresser pour la dernière benne...

 

Dépêchez-vous, maintenant que la sortie est sur camptocamp, il y aura beaucoup plus de monde !