Lundi, début de camp. Arrivée vers midi, puis le temps que l’équipe se regroupe, que l’orage éclate nous laissant le champ libre, c’est parti pour le refuge du Grand Bec. Parking à Plan Fournier, 1h30 de marche agréable. Le refuge est très joli. Nous partons en reconnaissance de l’approche.
Le matin suivant départ au lever du jour, franchissement d’une première barre rocheuse, arrivée sur un replat et recherche de l’attaque proprement dite. Le névé indiqué dans le topo a dû bien fondre, visiblement nous ne sommes pas au bon endroit, Babeth fait demi-tour, ça grimpe trop dur pour que ce soit la voie.
Recherche d’un autre couloir, les cordées se lancent une à une, d’entrée de jeu un passage délicat commence à mettre le mental à l’épreuve. On arrive finalement sur le fil de l’arête, qui s’avère très jolie et déroule sur un bon rocher. Puis le parcours passe versant S, et là c’est une autre histoire. Le rocher devient de plus en plus mauvais, l’itinéraire plus incertain. Les cris de “caillouuux !!” se font de plus en plus nombreux et tendent de plus en plus vers le hurlement. La progression est laborieuse, certains pas bien délicats, il faut en même temps esquiver les parpaings qui tombent. Mais nous nous battons bec et ongles, retrouvons des spits, et après un dernier passage avec des cailloux format micro-onde qui sont prêts à tomber au moindre appui indélicat, nous arrivons finalement au sommet du Grand Bec!
Mais malgré le grand ciel bleu, l’atmosphère est bien lourde, chargée de tension… L’horaire a été multiplié par 2, il est 14h et nous ne sommes pas à la moitié de la course… Devons nous continuer sur cette traversée avec ce rocher si mauvais? La descente est-elle envisageable dans des conditions si sèches? Allons-nous nous retrouver le bec dans l’eau?
Il est finalement décidé de redescendre par la voie normale et son glacier. Un petit rappel, et nous sortons crampons et piolets. Le glacier n’est pas dans un super état mais la descente se fait sans encombres et vers 17h nous sommes sortis des difficultés. L’équipe se sépare en 2, une partie retourne au refuge pour récupérer nos affaires, l’autre rentre au parking. Et après environ 3 heures de marche, c’est avec une synchro parfaite que les 2 équipes se rejoignent aux voitures, fourbues mais finalement comblées par cette belle aventure!