10-07-2024
Ecrins
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PD
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Nous étions...C’est vrai au fait nous étions combien ? D’abord 3, ensuite 5, puis 7, puis 9, puis 11, puis 8, puis 4 ?...Ce Cr sera donc plutôt celui des 4 filles que nous étions toute cette belle et longue journée en A/R au refuge du Selé.

C’est moi qui voulais aller là haut : la dernière fois que j’avais tenté l’affaire, les semelles de mes chaussures s’étaient complètement décollées 10 min après la sortie du refuge à 4h du mat !

Je me dis que du 3+, ça devrait le faire...En plus dans le topo, ils disent à un endroit que l’arête « est plate » (ce qui est vrai...mais à un endroit seulement!).

L’idée d’aller visiter le vallon des Bancs en descendant du sommet me tente vraiment, malgré le récit que m’en a fait Jérémy la veille, à peine remis de ces mauvaises pentes de neige sous le sommet. Finalement, nous serons 9 à monter au refuge pour le repas le soir et 2 autres qui nous attendent déjà là puisqu’ils redescendent ce jour d’Ailefroide Orientale.

Avant le repas, on se refait le topo, on regarde les photos, on refait aussi des cordées. L’un d’entre nous ne montera pas finalement. Et 2 autres s’arrêteront au col du Sélé. Nous serons donc 8 Claire et Vincent, Loïc et Thibault, Sylvie et Erica, Christelle et moi. Les 4 premiers ne comptent pas traverser sur les Bancs, les 4 dernières sont plutôt « pour », un peu emportées par mon élan…

Lever 3h. Pas bien dormi. J’arrête d’être dans le déni, j’y ai pensé toute la nuit : non, il ne faut pas qu’on traverse, ma cordée a trop peu d’expérience en neige raide, surtout à la descente. Je pars donc dans l’idée qu’on fera la boucle par la Condamine ou l’A/R...Sylvie et Erica se disent qu’on verra bien une fois en haut. C’est sage.

Départ un peu avant 4h. Il faut trouver le chemin dans les torrents de cailloux qui ont emporté le chemin cairné habituel lors de ce fameux orage qui a ravagé la Bérarde. On s’en sort pas si mal et on chausse comme prévu les crampons en fond de vallon une fois la rivière traversée grâce à la neige. Il fait encore nuit. Le regel est juste suffisant. Le glacier est très enneigé et fermé, pas un pet de glace, une belle balade matinale à la fraîche, quoi !

Quand on arrive au col avec Christelle, tout le monde est encore là mais les 4 premiers sont prêts à partir. On se prépare et j’observe Claire et Vincent dans l’ascension du premier gendarme...euh, ça m’a pas l’air donné cette affaire quand même, suis un peu impressionnée. La pression monte encore un peu quand j’observe de près Sylvie en tête. Après le premier point posé, on commence déjà à être distancée, je demande à Erica si elle peut me laisser les protections. C’est ok mais on ne gagne que peu de temps. Ces 2 premiers gendarmes sont vraiment impressionnants : pas difficile techniquement mais raides et gazeux. En sortant du second on croise une cordée qui descend, manifestement l’un d’entre eux trop chamboulé par ce début un peu inattendu. Et c’est là que je me dis qu’il vaut mieux qu’on ne redescende pas par là…On est parties, il faut déboucher. Je comprends pourquoi la cordée arrivée en même temps que nous au col a décidé de contourner ces gendarmes par le bas.

Pour rendre la progression plus fluide et plus rapide, Erica nous propose de recombiner les cordées entre nous 4, toujours en laissant le matériel posé de la première cordée pour la seconde. A partir de ce moment là, on avance vraiment bien. Et l’arête se couche un moment, comme dans le topo, pour se redresser dans la partie finale. On arrive au sommet un peu avant 11h30, juste le temps de voir Claire disparaître sur l’arête qui rejoint le col de la Condamine, ils ont une petite heure d’avance sur nous. La neige est bien molle côté sud et là c’est confirmé : la descente sur les Bancs n’est vraiment pas accueillante ! On se met donc dans les pas des premiers gaulois.

Descente raide dans un mélange de neige molle et de rochers, avec quelques traversées comme on aime ;-(, faut être à l’aise en crampons. Un peu de rocher encore en désescalade pour atteindre enfin le col de la Condamine tout en neige. Ca nous prend beaucoup (trop) de temps !!!! Là c’est le soulagement pour moi : il ne reste plus qu’à descendre en traversée dans la neige pour rejoindre le bas du col du Sélé...moins pour Christelle, qui n’a pas vraiment l’habitude de ce genre de progression. Avant de redémarrer, on admire quand même ce magnifique vallon de la pilatte, encore plus sauvage que jamais, avec au loin, cette marée grise sur la Bérarde...Et les Bancs ! que sylvie regarde sous toutes les coutures.

La descente et la remontée vers les rochers du col est en assez bonne condition malgré l’heure avancée dans l’après midi. On trouve les points bleus qu’il faudra suivre pour rejoindre le col. La fatigue se fait sentir mais la remontée est vraiment facile. Nous voici enfin au col un peu avant 16h. On dévale le glacier, le soleil de fin d’aprem nous y accompagne. Que c’est long cette descente jusqu’au pied du refuge ! Et on a faim ! Arrivées là, on s’arrête pour grignoter un morceau, ça c’est couvert très rapidement, quelques gouttes commencent à tomber et les premiers coups de tonnerre se font entendre : l’orage ne va pas nous épargner ! Christelle qui commençait à se dire qu’elle resterait bien au refuge voit arriver vers elle Jérôme venu à notre rencontre. Trop contente, elle n’a pas besoin de trop insister pour qu’ils passent la nuit au refuge car elle est terrorisée par les orages. Les 3 qui restent attaquent donc la descente vers Ailefroide sous l’orage, assez court finalement, mais c’est toujours impressionnant quand l’orage résonne dans la montagne. Cette descente, c’est looooonnnng, comme un jour sans fin, les pieds sont en feu ! Mais on y arrive enfin : l’orage est passé à Ailefroide aussi mais à notre arrivée, c’est paisible, sauf que tout le monde a fini de manger. On partage une bonne soupe, une bonne platrée de pâtes agrémentée d’une bonne sauce dont Sylvie a le secret, il fait bien nuit alors….La douche se fera à la frontale.

J’aurai tiré pas mal de leçon de cette course (cf. le début de ce CR sur le nombre aléatoire de participants...qui aura donné lieu à un bon debrif dans la vallée!) qui s’est finalement bien passée . De mon avis, elle est un peu plus que 3+ au moins sur les 2 premiers gendarmes, c’est donc pas mal d’avoir deux friends moyens et bien sûr des sangles.

Cette issue heureuse je la dois largement à mes compagnonnes de cordées, vaillantes, prudentes, calmes et raisonnées.

Merci les copines !

Ps : tous les autres sont bien arrivées aussi environ 1h30 avant nous.