26-08-2024
Belledonne
D
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Belledonne, secteur du lac du Crozet, un samedi d'été.
 
Après une route un peu ensommeillée où Christophe nous a bercé de ses récits Kighize, une approche un peu fatigante au milieu de nombreux randonneurs, et une pause au soleil pour profiter d'un petit vent frais, voici l'heure de nous séparer. On laisse filer Nicolas et Christophe filer vers les Dents du loup, tandis qu'avec Sabine je part explorer une falaise anonyme surplombant le sentier qui mène au lac du Loup. On y trouve notre objectif : Samiloup, une voie équipée, 5 longueurs, 6b max. Du bas, la face paraît assez repoussante pour le grimpeur de dalles que je suis : c'est raide, parfois déversant, sur un rocher aux sculptures aléatoires et aux nombreuses coulures.
 
Il va falloir se sortir les doigts, et ce dès la première longueur, qui est aussi le crux de la voie. Une longue longueur raide et soutenue, mais sur un rocher saint et offrant de très jolis pas variés. On ne s'ennuie pas ! Du relais, la seconde longueur est très déstabilisante, tant le visuel ne semble pas correspondre à la cotation annoncée (5b). Finalement, on trouve de bonnes prises là où on les imagine, et on contourne un mur déversant par une dalle plutôt prisue. On y expérimente ce qui fait le caractère de cette voie : l'équipement est très bon, les pas sont toujours bien protégés, mais les spits sont quasi invisibles sur le rocher. Il faut souvent grimper sans voir le point suivant, ce qui nécessite un minimum de confiance dans son sens de l'itinéraire.
 
L3 commence par une courte traversée, qui mène au milieu d'un court mais prononcé dévers. Il me faut forcer le passage, pendu sur un très bon bac, les pieds posés sur une marche très haut placée (technique dite de la grenouille en chasse). Mais j'ai beau tenter d'aller chercher toujours plus haut, je ne trouve que du lisse, et me voici sentant mes bras explosés tandis que je désescalade vers mon point de départ (technique dite du chat qui file après avoir piqué une saucisse dans ton assiette). Après 3 essais, je fini par me débrouiller avec ce que je trouve pour me rétablir dans la seconde partie de la longueur, où je trouve enfin de très bonnes prises. J'y passe pas mal de temps en recherche d'itinéraire, notamment pour trouver ce satané relais. L4 est constituée d'un court ressaut au-dessus d'une large vire, encore un pas explosif mais plutôt facile. Quand je me retrouve à court de dégaines dans cette longueur censée faire 25m, je comprends que j'ai loupé le relais. Ne souhaitant pas bidouiller un R-bis foireux, je désescalade ce terrain facile jusqu'à revenir au-dessus du pas : le relais était là, sous mes yeux ! Belle perte de temps, mais au moins les paires sont posées dans la moitié de la prochaine longueur. L5 est débonnaire, malgré une longue envolée sans point. 
 
Et nous voici au sommet, sur une croupe herbeuse qui file jusqu'à l'attaque des dents du loup. On hésite à enchaîner par la traversée de ces dernières, quand on voit Christophe en Nicolas qui en redescendent sur le sentier. Putentrailles, ce sera pour une autre fois ! Nous les rejoignons à l'attaque de notre voie où ils s'essayent à la première longueur.
 
Le retour à la voiture puis à Lyon sera un peu long, rythmé par un arrêt obligatoire à la Gélinotte pour siffler un canon, puis animé par la suite des récits Kirghizes de Christophe, avant que chaque passager ne sombre dans une sieste méritée.
 
Cette voie méconnue mérite le détour : le ratio marche/grimpe n'est pas très avantageux, et 5 longueurs pourrait paraître peu, mais le caractère soutenu de la grimpe, cumulé à leur longueur, rend la voie tout à fait intéressante. D'autant que l'escalade est jolie et variée et, cerise sur le gâteau en période de canicule : quasiment entièrement à l'ombre !