08-04-2023
Grandes Rousses - Arves
1500
1670
3116
F
5h
Truites et saumons de la Lauzette
3

Nous voici arrivés avant la nuit à Bonnenuit depuis vendredi 7 avril 2023 soir.

Je confirme : la nuit fut reposante.

Samedi a été l'occasion de monter au Pic Blanc du Galibier.

Il a neigé une dizaine de centimètres de poudre blanche et scintillante durant la semaine ; j'attends la descente avec impatience.

La choucroute a fait de l'effet à certains ; les 1500m de dénivelé seront plus légers.

Je prends le temps de me maquiller à la crème solaire retrouvée au fond d'un sac à sac que je ne trouvais pas hier.

Nous partons skis sur sac à 8h20 en direction de la combe de Mortavieille.

L'imposante et torturée face nord de Roche Olvéra se dresse devant vous et m'attire de par sa blancheur.

C'est un piège qui se referme par le franchissement du torrent de la Lauzette.

Nous marchons donc hors neige en rive droite de celle-ci à la recherche de la profondeur de la combe de Mortavieille pendant 45 minutes.

Nous chaussons les skis pour peu de temps ; une épreuve de ski nautique nous fait déchausser et rechausser pour enfin prendre de la hauteur : quelques conversions incertaines sur neige croutée testent carres, peaux et confiances.

La peur est sans autre risque qu'un retour à la case départ 30m plus bas alors je convertis le non risque en non peur.

Nous laissons la combe du Claret à tribord ainsi que le vallon du Goléon même si crête et aiguille d'Argentière donnent envie de visiter la combe des Aiguilles qui mène aux Arves ; peut-être le programme du lendemain lundi de Pâques.

J'aurais préféré garder le flan droit du vallon du Fond ; ça fonce devant et redescend en équilibre instable sur les peaux pour franchir la Lauzette. Arrêtez de jouer avec l'eau !

La cime des Trois Evêchers est écrasée en hauteur de par la distance à l'autre extrémité du vallon du Fond, malgré les 3116m du sommet.

Les heures passent et rapprochent la face est dont les 500 derniers mètres se redressent jusqu'à 45° dans une neige que la température négative ne transforme pas.

Je fais une pause à 2400m pour reposer mes jambes qui n'avancent plus au rythme que je voudrais leur imposer pour suivre cyclistes et trailers.

Les 1500m d'élévation ont eu raison de mon énergie à décrocher un morceau d'étoile filante ; je vais réalistement m'en passer.

Mettre les crampons pour gravir les 15m de la cime dans une neige qui brasse en profondeur ne convainc pas mes jambes malgré l'envie de Flora et la frustration de ne pas plonger le regard sur le lac du Goléon, la Grave, la Meige et ses Ecrins de neige et de glace.

Les forces restantes dans mes jambes m'incitent à tester prudemment 3 virages sautés dans l'ombre de l'arête où la neige transforme moins qu'au soleil ; la pente est raide comme j'adore y planter les carres.

Je fais attention aux pénitents cachés sous la neige par les Evêchers blagueurs et reconnaissables par leur prénom dénominateur commun : Pierre.

Je me fais moins violence et plus plaisir à enchainer les virages courts dans une neige poudreuse, légère, aérienne. La plénitude existe même si elle ne dure...

15 minutes de récupération au sommet manquent pour alterner plus dynamiquement les prises de carres dans cette neige parfaite sur sous-couche qui semble solide et protégée de la fonte par ce duvet isolant et sensuel à skier.

J'aurai plus tard en soirée une pensée pour les 6 personnes dont l'aérosol du glacier d'Armancette aura tristement volé les vies.

Le sauvetage du ski de Laurent la veille m'a rassuré quant à la densité de la sous-couche : j'ai dû forcer et batailler pour en extraire spatule et tiers avant.

La descente sur faux plat est maintenant reposante.

Nous gardons précieusement la gauche du vallon même si certains sont magnétiquement attirés par les jeux d'eau en fond de vallon...

Nous faisons pause au bout du plan du Paradis pour attendre les courageux qui ont préféré vérifier la présence d'eau dans la Lauzette.

Ils n'ont manifestement pas trouvé de raft pour une descente en eaux vives et nous doublent.

Nous voici de nouveau à skier au milieu des premières conversions de la montée entre les morceaux de terre, roche qui éclosent et neige ultra transformée même si aucun industriel à l'horizon.

La majorité jette les skis peu de temps après le franchissement de la Lauzette.

Laurent et moi poursuivons l'aventure de la glisse entre neige et Evêchers blagueurs sans emprunter la neige trop incertaine du flan nord de l'Olvéra et qui a fondu depuis la veille déjà limite pour la santé des semelles et carres.

Ne voyant pas le bout des skis du reste du groupe des marcheurs, nous décidons de prendre le chemin du gîte pour dissoudre la transpiration dans de l'eau de douche, faire mousser une bière en terrasse tous ensemble ainsi que les ingrédients de la méga tartiflette du diner qui semble faire fantasmer quelques estomacs, dont le mien et qui finira par se surnommer le lendemain la "tartiflette de 17h", tièdement réchauffée aux ondes micro-périodiques.