09-04-2023
Vanoise
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Nico me retrouve sur le parking de l’auberge Castaroche à Alberville avec 2 personnes en covoit, il est 09h30. On charge les sacs ; Gontrand est déposé à Alberville pour son repas dominical et Anne Fleur dans sa maison familiale au Villard.

Toute la semaine passée Nico était inquiet, comme souvent. Il pense ne pas avoir assez le power pour réaliser l’itinéraire mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il s’inquiète en fait de ne pas avoir suffisamment la caisse pour réaliser 2 fois la Casse à la journée.

La veille, il essaye de me glisser que l’on part pour la petite face Nord pour gratter du déniv (et des degrés) et que le sommet n’est pas dans les options. Mais je le rappelle à l’ordre, c’est bien la centrale que nous avions prévue et ok, pas de sommet. (Il faut toujours négocier avec Nico).

Nico : « Il va falloir bétonner camarade ! »

François : « Pas de soucis mon Nico ! »

Arrivé à Pralo, on se gare à la même place que l’année passée lorsque nous partions aux Volnets avec Oliv. Et comme l’année passée, Nico me dit qu’il veut monter au refuge doucement et ne pas transpirer. Au bout de 200m de déniv, Nico est déjà sur une base de 600 m/h, et en eau. Pour cette année aussi, c’est loupé.

Il est 13h20 quand nous poussons la porte du refuge. Déjà beaucoup de monde sur la terrasse en train de contempler le paysage. La gardienne nous dit que nous sommes dans le bâtiment annexe, c’est la déconvenue. Nico peste. 

En fin de journée on a la bonne surprise de rencontrer un groupe de gaulois fort sympatique ! François, Delphine, Robin, Jeanne, Florent et le Oliv !

Tout le groupe part pour les grands couloirs et Oliv pour la petite face Nord.

On arrive au moment du débat de l’heure de départ avec Nico. Un petit déj à 6h ou un petit déj à 5h. Sachant que notre Nico met 1 bonne heure pour se préparer, ce sera petit déj à 5h.

Un bon repas, une rencontre fortuite avec la vice-championne française de la Pierra Menta à notre table, quelques parties de tarots avec les camarades gaulois et quelques lampées de liqueur de noisette proposée généreusement par Florent et hop au lit !

 4h40, le réveil sonne.

Je m’extirpe du lit en silence en jetant un bref coup d’œil à Nico, encore sous la couette. Mais 5 minutes plus tard, je le vois débouler ! C’est une bonne surprise.

François : « Déjà réveillé mon Nico ? »

Nicolas : « Ba ouais de toute façon, j’ai rien dormi ! »

Jusque-là tout va bien J

Arrivé dans la salle du ptit déj, on croise Oliv déjà prêt à partir.

Après 2 ou 3 passages au buffet, je ne sais plus, Nico est repus, enfin. :)

Il est 5h40 lorsque l’on pousse la porte du refuge. Première descente pour rejoindre le lac, Nico glisse dans de la poudre ! Pensant que ce serait béton, j’avais déjà vissé ma board sur le dos et enfiler mes crabes. Première déconvenue.

Un groupe de 6 skieurs me double à mac balle pour s’arrêter sur le plat du lac et maniper. Pensant retrouver Nico sur le plat, je m’arrête, je regarde, pas de Nico. Le groupe de skieur part, j’attends 5 bonnes minutes, toujours pas de Nico. Deuxième déconvenue.

Moi qui avais prévu d’y aller cool ce matin dans la nuit, me voilà à forcer le pas. Je reprends les 6 skieurs et leur demande s’ils n’ont pas vu un beau skieur gaulois avec une tignasse proéminente.

Le groupe : « Ah t’as perdu ton pote ! Je crois qu’il est las bas ! »

Ah oui une petite frontale danse dans le raidillon.

François : « Merci ! »

Je continue sur un rythme soutenu et arrive à distance audible du skieur isolé, c’est bien Nico !

Nico : « Ouais camarade, désolé, j’avais froid !! »

La fin du raidillon m’oblige à mettre les crabes. Je rejoins l’artiste au sommet de la bosse. On file ensuite en direction du col de la grande Casse, le jour se lève doucement. Le paysage est toujours grandiose ici, on ne s’en lassera jamais. Sur le chemin, Nico fait une halte et comme à son habitude, il transite. On rejoint Oliv au col. Nico en ski sans couteaux et moi en crabes. Une courte pause, on se questionne sur le choix de l’itinéraire le plus judicieux. Pour Oliv c’est tout vu, ce sera dans la partie mixte (au début) en direction de la petite face Nord. Il nous salue brièvement et file sous le soleil et commence à attaquer la petite face en solo. C’est beau.

François : « T’as vu, pas inquiet notre Oliv, hein mon Nico ?? »

Nico : « Ah bà là …… C’est sûr que niveau inquiétude, c’est léger… »

De notre côté on descend avec les peaux pour rejoindre les traces des 4 skieurs qui ont déjà attaqué la centrale à ski. Rapidement et pour ne pas dire tout de suite la pente est trop raide pour moi pour monter avec le split. Nico profitera de la trace des skieurs jusque quasiment la moitié de la face ! De mon côté, c’est split sur le dos et en faisant la trace droit dans la pente que j’essaye de rejoindre le camarade. Je m’impose à être le plus rapide possible pour ne pas le faire trop attendre de peur qu’il prenne froid. Finalement, on se retrouve comme l’an passé aux Volnets :  Oliv dans son itinéraire, Nico spatules aux pieds dans le raide et moi à pied du bas de la face. Mais cette fois, le débat qui avait duré 2 minutes l’an passé était inexistant aujourd’hui ! On progresse ! 

A mi face, à peu près au niveau du sérac, les skieurs stoppent et commencent à maniper. Je continue et maintient l’effort pour recoller. Nico est prêt à repartir, je suis à 20 m de lui, objectif rempli. L’ambiance est dingue ici, le soleil illumine le bas de la face, crée de magnifique reflets sur la glace bleue du sérac, la petite face Nord prend feu et j’observe Oliv tracer seul dans sa ligne. C’est beau. Je récupère la trace des skieurs à pied cette fois, elle est salvatrice. On évolue à droite du sérac, la neige y est très bonne sous le glaçon, au-dessus elle se montre plus changeante et travaillée par le vent. Je reprends petit à petit Nico qui est ralentit par un skieur qui semble cramé. Situation improbable, le skieur lui passe une barre et Nico lui passe devant ! J’arrive à mon tour derrière le gars, c’est le camarade que j’avais rencontré l’avant-veille au refuge des Aiguilles d’Arves ! La face est raide et par endroit la glace n’est pas loin. Avec ses sarkens tout neufs, Nico est totalement confiant et lance : « Avec ces crampons, je peux tenir dans du vertical camarade ! »

François : « On est sur une très bonne nouvelle mon Nico ! »

La partie terminale se fait sous l’aplomb d’une belle corniche ! La neige est plaquée en surface et le passage des grimpeurs nous envoie de bons paquets de neige, on reste sur nos gardes, bien ancrés sur les pointes de nos crampons et la lame de nos piolets. Un petit passage acrobatique pour passer sous la corniche et hop on arrive en haut de la face. Il fait grand beau, il n’y a quasiment pas de vent. Nous sommes 6 en haut de la centrale mais seulement 4 à droper dedans. Le camarade du refuge d’Arves a signé sans débat une descente par les grands couloirs. Son acolyte a vite compris que sa décision est sans appel. On s’accorde une courte pause pour recharger un peu les batteries. Mais on ne s’éternise pas trop car il faut rester concentrer pour plonger dans cette magnifique face de 700 mètres, suspendue au-dessus du glaçon.

Avant le départ, une pensée intimiste nous anime envers notre très bon camarade Juju, qui, sans l’ombre d’un doute, aurait été ravi de partager ce moment avec nous. Le début est un peu plaqué, la glace n’est pas loin et la pente penche sérieusement, on y va prudent. Nico est en top forme, il arrive à faire des séries de beaux enchainements de virages. De mon côté, je préfère bétonner (comme dirai Nico) en faisant des virages sautés assurés. La neige est changeante et demande énergie et attention. Un peu au-dessus du glaçon, l’or blanc se montre plus accueillant, on se fait plaisir ! Une ambiance incroyable dans cette grande face à tracer de belles courbes sous le regard sévère du magnifique sérac bleuté. On se retrouve en bas de la ligne sous un beau soleil avec un sentiment de devoir accompli.

La concentration est un poil relachée, on profite. Les peaux sont remises pour rejoindre le col. Une vraie pause de 10 minutes est actée pour manger un bout et prendre le temps de contempler le paysage somptueux qui s’offre à nous. S’en suit la fin de la descente, en passant sous le regard avisé de l’Aiguille de la Vanoise, où jadis, Nico randonnait en espadrilles, cheveux au vent. Une alternance de croute et de transfo est au menu puis vint une glisse toute en douceur sur de la neige parfaitement cuite des pistes de la station. Et ce, quasiment jusqu’au parking. C’est encore sous une tempête de ciel bleu que l’on rejoint la voiture, skis et board à la main, un peu fatigués, mais heureux.

Et comme dirait le camarade Nico : « Ce fut une bien belle journée sans le moindre accroc, nickel ! »

Longtemps imaginé, longtemps rêvé, aujourd’hui réalisé.

Merci mon Nico.