11-04-2015
Grandes Rousses - Arves
1800
1750
3464
F
10h

Parmi les pépites insolites du programme officiel du GAUL figure depuis quelques années le weekend ski de randonnée avec nuit en igloo.

L'édition précédente avait connue une faible affluence car seuls deux excités avait répondu présents pour enchaîner le Pic de Neige-Cordier après un atelier de construction éreintant et une nuit incertaine !
L'optique de cette année était résolument moins élitiste et la sortie de ski se devait donc d'être facile : notre choix se porte assez rapidement sur le Pic de l'Etendard, une grande classique classée "facile" mais offrant quand même, du haut de ses 3464m, un petit trophée réjouissant et un superbe panorama alpin à s'en remplir les mirettes.

Samedi : ski de 14h à 17h, 1750m-2533m-2430m-2470m

Bron, parking de la Mairie, samedi 11 avril, 10h du mat ! un horaire plutôt atypique pour une sortie en montagne ; ce qui en a sans doute décidé certains de nous suivre dans ce doux délire gaulois ! Rendez-vous tardif car le programme du samedi devait être assez léger, initialement.


Le Col de la Croix de fer étant fermé, le départ depuis Saint Sorlin d'Arves s'impose à nous. En pleine hésitation sur l'option de départ ("remontées mécaniques" ou "montée à ski"), nous décidons de grignoter un bout sur une position dominante, le deuxième virage de la route du Col. Du haut de ce promontoire et le ventre un peu rempli nous y verrions forcement plus clair.
Oui il était bien prévu initialement de prendre les remontées mécaniques : il est tard (14h), nos sacs sont très lourds et l'on doit consacrer toute notre énergie pour venir à bout de nos constructions. Mais... mais voilà, nous sommes des gaulois, le temps est doux, le risque est nul, nos petits muscles frissonnent, nos spatules nous appellent...et le forfait "montée randonneurs" est à 18€ ! Bref, nous craquons pour l'option "montée à ski" sur le domaine skiable.

S'en suit une ascension laborieuse et peu glamour entre pylônes de télésièges et panneaux de signalisation. Heureusement la station est quasi-déserte ; seuls quelques télémarques narquois raillent notre chargement de sherpa.
Entre pistes bleues et rouges, nous évoluons lentement sur un épaulement à 2000m en contrebas des "Perrons". Enfin, un vallon un peu plus raide nous permet d'atteindre le Col Nord des lacs. Petite descente en direction du refuge de l'Etendard et des lacs. Nos sacs commencent à nous peser et l'on voit l'heure qui tourne avec la crainte de ne pas avoir le temps de finir nos constructions. Pourquoi diable n'avoir pas voulu lâcher ces 18€ de forfait, se disent certains !

C'est entre le Lac Bramant Blanc et le Lac Blanc que nous avions repéré sur la carte un petit mamelon qui nous semblait bien propice à l'installation de nos igloos.

On se met vite à pied d'oeuvre : 2 équipes pour construire les 2 premiers igloo... en fait le 3ème ne verra jamais le jour car agrandir les deux constructions nous est vite apparu préférable à l'ouverture d'un nouveau chantier.

La technique dite de "L'igloo Russe"

1) Choisir un terrain plat (si besoin il faudra l'aplanir), non exposé aux dangers naturels.
2) Commencer par faire un volume avec les sacs, les raquettes, les skis ...que l'on recouvre avec une couverture de survie ou un matelas en mousse pour éviter que la neige s'accumule dans les espaces entre les sacs.
4) Recouvrir ce volume de neige en la jetant avec la pelle ; une bonne épaisseur de neige : environ 30 à 40 centimètres.
5) Ouvrir la porte du coté opposé au vent et retirer les sacs et le matériel de dessous la neige.
6) Enlever progressivement la neige de l'intérieur de l'igloo et recharger en neige par dessus. Continuer jusqu'à la grandeur voulue.
7) Sonder l'épaisseur pour s'assurer qu'il y a assez de neige: 40 centimètres au moins.
8) Pensez à laisser un trou pour que l'air circule à l'intérieur.
9) Lisser la voûte pour éviter au maximum que l'eau ne perle par les aspérités.

A 4 constructeurs par igloo on tient juste-juste le timing, à savoir avoir terminé avant la tombée de la nuit : compter bien 2h30 de construction.
Déjà une équipe de cuisiniers se lance dans l'opération délicate de chauffage de l'eau, pendant que les derniers perfectionnistes peaufinent leur "château de neige". Il y a une certaine fierté dans l'air !

Entre tortellinis de Jérémy et hareng de Thierry notre joyeux repas égaye la vallée maintenant déserte et plongée dans un profond silence.
Là on aurait bien voulu se faire une petite veillée en pleine montagne, à la lumière des frontales et des premières étoiles, autour de nos réchauds et pas loin des igloos, mais la fatigue et le froid qui tombent de concert ont vite raison de nos velléités festives ! Quand même, une petite goutte de génépi et au lit !

Nuit en igloo :
Pas de problème majeur de froid dans nos igloos mais cette nuit ne restera tout de même pas dans les annales ! Une place trop escarpée pour pouvoir se retourner, un sol un peu en pente par endroit, une envie réfrénée de sortir faire pipi, le regret d'avoir laissé les boules-quiès dans le sac à l'extérieur... on à tous nos raisons secrètes de voir arriver le petit matin avec plaisir ; il s'annonce par une lueur blanchâtre qui émane doucement au travers des parois de neige. Finalement on est pas mal si mal que ça, là, lovés dans nos duvets au creux de nos abris de neige. Le jeu en valait la chandelle.

Dimanche : montée de 8h-12h (2470m-3464m), descente de 12h30-13h30 (3464m-2470m), puis de 15h-17h (2470m-2430m-2533m-1750m)

Il faut croire que la nuit au refuge de l'Etendard n'est pas aussi "confort" que celle dans nos igloos, car nous sommes encore en train de "larver" dans nos duvets, ou à tenter de faire chauffer de l'eau pour le petit-déjeuné quand les groupes de skieurs commencent à déferler en direction du fond de la vallée.

Le soleil se lève sur notre camp, ses premiers rayons se glissant depuis le Col Sud des lacs ; la journée va être chaude, il faut donc accélerer un peu la cadence, ne pas trop perdre de temps à déjeuner, à préparer les sacs en triant les affaires qu'on laissera dans les igloos. Tout ça est bien trop brutal pour Jérémy qui n'a pas si bien dormi que ça...

La remontée de la vallée se révèle un peu longue. Au pied du Rocher blanc, ça y est, on voit notre objectif. C'est là que le groupe se sépare, Claire et Grégory se contenterons de remonter le glacier de Saint Sorlin jusqu'au Col des Quirlies et le reste de la troupe vise le sommet. Déjà une bonne vingtaine de skieurs remontent au loin sa longue pente neigeuse.
C'est presque 600m de montée droite et régulière en longs zigzags sur une pente à 20-25% qui se raidit à 25-30% sur les 50 derniers mètres. La trace est un peu coriace et le soleil tape fort. Un beau moment d'effort physique dont certains se souviendront, disent-ils. On y croise un vieil homme tracté par son chien et un groupe d'une dizaine de cafistes lyonnais. Et tout ça dans ambiance sonore très particulière : toute la matinée un véritable ballet d'aéroplanes animent bruyamment ce fond de vallée perdu !

sur les 50 derniers mètres où la pente se raidit, quelques plaques de neige dure nous contraignent à mettre les couteaux. Petit passage délicat, sans être très technique non plus, et on arrive sur le replat de la crête. C'est là qu'on pose les skis ; il reste une quarantaine de mètres de crête à remonter pour atteindre le sommet. Il est midi. Quel panorama magnifique ! Un régale par cette belle journée de printemps. Quelques photos et c'est repartit.

Une belle descente nous attend ! La neige est encore un peu poudreuse sur la partie de la pente exposée au Nord et c'est une vraie neige de printemps sur la partie exposée à l'Est. Assez ludique de passer de l'une à l'autre.
En contrebas, on retrouve Claire et Grégory qui ont perdu quelques décibels de capacité auditive à cause des avions ! Puis on redescend manger aux igloos. C'est devenu notre petit "camp de base" ! Il fait maintenant très chaud. Petit encas rapide, chargement des sacs et l'on repart en direction du fond de vallée, du Col Nord des lacs, des pistes de ski et des voitures. Etranges sensations de skier sur pistes avec nos sacs énormes, puis un final sur une neige très très mole, limite skiable, sur les 200 derniers mètres.

Un petite bière pour trinquer à cette belle aventure et retour sur Lyon !