01-07-2018
Ecrins
1500
2000
3457
F
8
1

C'est toujours apprécié : l'ascension du pic Jocelme est précédée d'une montée en refuge de deux heures seulement. Arrivés en début d'après-midi, Manu et moi avons du temps pour une révision du mouflage « double mariner » sur névé. La manip est toute fraîche dans la mémoire d'Hugo, qui a participé à la Grave Y Cime. Il reste donc au refuge où il suivra l'actualité chaude : France-Argentine.

Au Chabournéou, nous aurons un accueil agréable, des conseils utiles et, ce soir-là, un spectacle de chansons sur les amours ratées. Matière à réflexion ? Surtout des textes indémodables fort bien mis en scène. Pour ceux qui aimeraient en profiter, le duo s'appelle les Chiffonnées du Vocal. Le rire favorise la digestion, nous allons donc nous coucher dans les meilleures conditions.

Manu et moi avons opté pour le dortoir mais Hugo bivouaque : plusieurs aires adéquates dominent le refuge. Il fait si doux, malgré l'altitude (2000 m) qu'il dormira à la belle étoile avec un duvet partiellement fermé.

Les choses sérieuses commencent à 4h39. Nous sommes donc sur le trait recommandé par la gardienne. La veille, nous avions repéré le début de l'itinéraire depuis notre névé. C'est bien le sentier visible sur la carte IGN.

Au bout du sentier, nous trouvons des névés suffisamment grands (dans la continuité du glacier de Surette) pour nous décider à chausser les crampons et nous encorder. Je pensais savoir éviter les pièges de ce moment dans une course d'alpinisme. Mais mon crampon droit, pourtant réglé et testé la veille, me donne du fil à retordre. Mes gants, soigneusement roulés en boule, choisissent ce moment pour perdre quelques dizaines de mètres d'altitude. Je dois descendre les chercher au bas du névé. Quel boulet ! Je m'en veux de nous retarder mais Manu est content : il a le temps d'en griller une.

Nous avons choisi de poursuivre sur neige mais nous écartons ainsi de l'optimum. Nous nous en apercevrons plus tard : ce cheminement nous conduit un peu trop haut quand il s'agit de contourner par la gauche le gros pan de rocher orangé. Nous descendons de quelques mètres sur des dalles inconfortables et – contrairement à d'autres cordées – rejoignons le bon couloir.

Les conditions de neige sont bonnes grâce au regel. La montée du couloir est physique mais sans difficulté. La fin se déroule sur rocher péteux mais non exposé. Nous avons bien géré notre progression et arrivons à 9h27 à destination : à l'heure ! C'est un endroit beau comme un sommet des Ecrins et nous prenons le temps.

Nous en repartons à 10h05, descendons les premières pentes de neige en ramasse – le glacier n'est pas crevassé, a dit le compagnon de la gardienne. Puis nous encordons à nouveau. Nous attaquons la descente du couloir un peu avant 11h. La neige a ramolli et les glissades se multiplient. C'est un bon exercice de freinage au piolet. Dès que nous avons franchi la partie un peu exposée, Manu, en milieu de cordée, se détache : il était tiré dans les deux sens et c'est lui qui tombait le plus souvent. Morale de l'histoire : au vu de la température (iso 0°C à 4600 m), il aurait fallu démarrer une heure plus tôt.

Sur la fin de la descente, nous rendons à son propriétaire le téléphone trouvé au sommet (!). Ayant quitté le sommet trois quarts d'heure plus tôt que nous, sa cordée a eu une meilleure neige dans le couloir.

Nous arrivons au refuge à 12h50. Il n'y a plus qu'à trinquer à cette belle classique et au camp d'été du Gaul.