14-07-2018
Ecrins
1050
2300
3409
F
8h
1

 

5H15 départ du refuge de l’Olan pour notre première course d’alpi en autonome tous les deux. La veille, on a étudié et observé l’itinéraire (Merci également à Sophie et Delphine pour leurs conseils). Il n’y a pas de grosses difficultés, si ce n’est deux passages sur pentes raides de neige bien expo.

On monte rapidement le petit sentier derrière le refuge, on cramponne au niveau « de Rouye et d’os » qu’on a grimpé hier. On s’encorde court. Il n’y a pas de crevasses, le risque, c’est la glissade sur les pentes raides de neige. La montée se passe bien, on a un groupe d’alpinistes devant (dont certains ne sont pas encordés et marche avec crampons et 2 bâtons). Ça nous facilite la lecture d’itinéraire, notamment pour passer les surplombs rocheux. Une petite pause et on repart pour les dernières pentes raides de neige sous le sommet. Personnellement, Je suis content je n’ai pas le mal des montagnes, je suis bien.

On arrive au pied du sommet rocheux. On décramponne, on rajoute de la longueur de corde et à 9h nous sommes au sommet. Les autres alpinistes quittent le sommet, on profite du moment pour quelques photos et une pause ravitaillement. Il faut désormais redescendre, on retrouve nos crampons et on s’encorde court, je suis devant.

Nous décidons d’éviter la première pente très raide en la contournant bien sur la gauche. Ça passe très bien. On continue sur le deuxième passage raide, on est bien, on parle de la course. A ce moment-là, il y a un petit passage étroit à cause d’un rocher sur la gauche.

J’explique même à Marion, que je vais faire de belles marches, quand soudain, je suis propulsé en avant sans avoir été vraiment déséquilibré et je sens que je peux me rattraper à rien… trop tard, je suis déjà en train de glisser, j’entends Marion crier et je comprends rapidement que je l’emmène avec moi.

Il faut qu’on s’arrête, je me mets correctement sur le ventre, piolet planté à fond dans la neige sous moi… seul problème on a déjà pris une allure qui me parait complétement folle et ça me semble impossible de ralentir, malgré tous les efforts que je fais pour enfoncer encore plus le piolet dans la neige. Il a la tête complétement dans la neige, on ne ralenti toujours pas et je sens qu’il y a des rochers sous la neige à cause des chocs avec la lame. Je me prends des éclats de je ne sais quoi sur le visage, je sais qu’on glisse déjà depuis bien trop longtemps, il faut s’arrêter, il faut s’arrêter… je ne pense qu’à ça. J’entends Marion qui hurle « mets les crampons ! » C’est vrai que je ne mets pas assez les crampons depuis le début, car j’avais peur de me retourner. Je plante beaucoup plus fermement les crampons dans la neige, mon piolet, n’a désormais plus de tête, je plante le manche complétement dans la neige, on ralenti une première fois, puis on repart encore trop vite. Je garde la position, puis on finit par s’arrêter doucement dans la pente. Je suis épuisé, Marion reprend très vite ses esprits et me dit « les barres rocheuses, sont juste derrière ! » elle attaque une petite plateforme pour être mieux, alors que je suis encore tout tremblant. On fait le point debout sur notre petite plateforme : Mon piolet est cassé, Marion a perdu son piolet et un bâton dans la pente. Que fait-on ?

Finalement on a passé les deux difficultés, il nous reste trois bâtons de randonnée. On préfère donc abandonner le matériel que l’on ne voit même pas d’en bas. On sort de la pente avec beaucoup de prudence. Pour chaque pas, il y a une marche. Après quelques heures, on arrive sur le sentier, on parle de ma chute, notre glissade, je ne comprends pas comment j’ai pu tomber comme ça… Quand je vois mon pantalon troué au niveau du mollet droit à l’intérieur, je pense que je me suis pris les crampons dedans.

Je n’ai pas eu le temps de le voir, c’est aller tellement vite, qu’entre debout à vouloir faire ce pas et coucher à glisser dans la pente, je n’ai aucune image.

Bref, on arrive au refuge, Il y a tous les Gaulois qui ont fait la traversée de l’Olan. On raconte notre mésaventure qui aurait bien plus mal tourner autour d’un verre et d’un fondant au chocolat. Ça fait du bien d’en discuter.

Avec le recul, on a fait quelques erreurs :

  • On parlait de tout et de rien pendant les passages qui demandaient plus d’attention.
  • J’ai pas utilisé assez fermement les crampons au départ de la glissade (j’avais peur de me retourner, mais après discussion c’est uniquement sur la glace).
  • Je n’avais pas de guêtres.

Heureusement, le soir au camping, on a eu droit à un super Barbeuk avec une ambiance au top : Rock, danse contemporaine, chorégraphie de Claude François ou des sardines dans leurs boites J

Merci à tout le monde.

Laurent et Marion