23-07-2022
Bornes - Aravis
1000
1700
2752
D
10h
1

Départ un peu tardif de Lyon (15h), avec une halte en boulangerie, finalement compensé par l’absence de bouchons sur le trajet et par une montée au refuge plutôt efficace (1h). Récemment rénové le confort du refuge est sans égal : la vue imprenable sur les montagnes des toilettes fait clairement toute la différence ! (Cf. photo à l’appui)

La fraîcheur du soir nous fait opter pour un départ pas trop matinal : petit déjeuner à 8h c’est bien, le rocher ne sera pas trop froid. À l’approche on aperçoit quelques cordées sur l’arête du doigt, deux en bas sur le point de partir, une qui nous suit de près, une autre encore qui arrive encore au loin… Ça s’annonce collé-serré cette histoire, ne trainons pas ! En corde tendue le début se fait sans mal, il est plutôt facile d’ailleurs de doubler mais lors des petits passages techniques c’est plus délicat ; ça bouchonne et les cordes sens dessus-dessous ne facilitent personne. On se ravise et ce sera du tirage de longueur.

Au relais juste avant le rasoir c’est à l’arrêt mais de là où l’on est difficile de savoir ce qu’il se passe réellement. On constate juste que des cordées arrivant par le bas (voie du trou ?) viennent en direction de ce même relai. Le nombre de personne déjà conséquent s’amplifie encore par effet entonnoir. Un guide avec sa femme décide même de faire demi-tour. Passé le rasoir on découvre alors l’amas de gens en attente devant la portion en 5c+. On décide de prendre notre ticket derrière 2 cordées de 2 et une de 3. Les gens parlent de l’option vire que l’on aperçoit et qui d’après les dires du topo permettrai soit de prendre une variante cheminée, soit de rejoindre directement la voie normale de descente. Mais personne n’est bien sûr et personne n’a jamais tenté… Certains, saucisson/fromage en main, essayent de détendre l’atmosphère : « Au moins on sera prêt pour l’Everest après ça ».

Déjà 1h passée, et les choses ne s’améliorent pas au vue de la progression des cordées en face de nous. Robin bouillonne, PM s’impatiente. Une énième cordée arrivant en salle d’attente décide de prendre la vire que « tout le monde ne sait pas si ça passe mais le topo dit que ça passe ». Le leader nous chuchote à l’oreillette la possibilité de bifurquer sur 2 autres options : une 5b-5b-5a ou une 5c-5c-2b. Il n’en fallait pas plus pour faire pencher la balance. On abandonne notre ticket, bien que nous étions les suivants car la vitesse des cordées n’annonçait rien de bon.

La descente est un peu scabreuse, mais assurés en moulinette par PM on arrive tous en état sur cette fameuse vire. À proximité d’une des options, nouveau moment doute. « On y va ou on n’y va pas ? ». Et oui, encore une cordée dedans et une en train de se préparer à partir. Finalement on se décide de s’y rendre de peur de le regretter. Les chaussons enfin sortis du sac, la 2ème longueur ne fait pas de doute : c’est l’enchainement 5c-5c-2b dans lequel nous sommes partis. L’escalade est vraiment agréable, en bon rocher, tout le monde se fait plaisir.

Au sommet c’est la cohue ! Entre randonneurs, et grimpeurs difficile de trouver un bout de rocher où poser ses fesses. Un coup d’œil dans le rétro et on constate rapidement que c’était effectivement le bon choix à faire que de quitter la partie finale de l’arête du doigt : la cordée devant nous y est encore. Robin qui avait entamé son deuil d’une potentiellement baignade au lac d’Annecy est ravie : le timing est bon.

Une fois arrivés à proximité du pierrier final de la descente on entend un bruit fort et sourd dans le cirque et qui fait froid dans le dos. Naïvement je pense à un gros bloc de pierre tombé mais l’arrêt net du son remet en doute cette possibilité. PM penche plutôt pour un bruit ressemblant à un déchirement de voile et pense directement aux parapentistes aperçus autour de la pointe : « j’espère vraiment que ce n’est pas ça ». 5min après on rejoint une fille et en discutant avec elle on découvre que le bruit venait effectivement d’une chute de parapentiste. Les secours déjà alertés elle décrit la direction à PM pour rejoindre le groupe de personne parti à sa recherche. Avec sa formation secouriste il ne se voyait pas ne rien faire. Le groupe sur le lieu a permis notamment de porter main forte aux secouristes dans la préparation de la victime pour un gain de temps non négligeable : bien que le prognostique soit mal engagé au moment de partir dans l’hélico, les dernières nouvelles actuelles semblent confirmer qu’il devrait s’en sortir et se remettre de cet accident.

C’est donc dans une ambiance un peu particulière que l’on finit la redescente jusqu’au parking. Décidemment cette journée aura été ponctuée de montagne russe au niveau des émotions.

Une fois en route, on valide une trempette dans le lac d’Annecy (Robin en rêvait tellement !) puis d’un dîner dans un resto gastronomique dont on taira le nom. Retour à Lyon pour minuit il me reste encore une 20ène de minute en vélo pour retrouver une douche et un lit pas de moins mérités. Sacrée journée !