25-07-2023
Valais
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Après une belle bambée à la dent Blanche, Antoine me propose d’aller faire un peu de rocher aux aiguilles d’Arolla. Je saute sur l’occasion. Lorsque je lui dis que j’aimerais bivouaquer plutôt qu’aller au refuge, il décide de m’accompagner : Antoine adore les étoiles !

Le temps incertain repousse ce projet mais nous finissons pas nous mettre en route un beau matin frais, dans le paysage bucolique du vallon d’Arolla tout perlé de la pluie de la veille. Nous traversons le village et prenons le chemin en balcon qui mène au lac Bleu, la grande attraction familiale du coin. Au bout de 5mn, je m’arrête net : je viens de réaliser que j’ai oublié la bouteille de gaz ! Nous posons les sacs et redescendons au village au pas de course. Gaz en poche, nous remontons, sous une bonne averse. Ce gaz oublié et cette averse rafraîchissante seront les deux derniers points négatifs de cette sortie. 

Le lac Bleu, désert en ce jour humide, est magnifique. La montée au refuge des aiguilles rouges est superbe, efficace, et pas trop longue. En arrivant à la cabane, nous croisons une troupe de Gaulois en goguette qui redescend sur le lac Bleu. Le temps de déballer le pique-nique et de déguster la soupe du gardien, un autre groupe de Gaulois arrive . Lorsque, après une petite sieste, le ciel finit par se dégager, nous quittons les salles accueillantes du refuge pour nous mettre en quête d’un lieu de bivouac. Nous descendons une petite demi-heure pour trouver un coin bien plat, au bord de l’eau, couvert d’une végétation rase et sèche. Bivouac 4 étoiles, à deux pas du chemin de la descente du lendemain. Alors que nous somnolons pour passer le temps, nous apercevons sur une moraine un peu au dessus de nous un homme tout habillé de rouge. Il déambule un instant, puis disparaît. Mystère… Les aiguilles Rouges auraient-elles un gardien ? Sommes nous surveillés ? 

Après un bon repas, il commence à faire frisquet. Je propose d’aller se dégourdir les pattes et se réchauffer avant de se mettre dans le duvet. Antoine nous lance sur la piste de l’homme rouge. Après 15mn de montée, nous découvrons sur un beau replat une tente verte occupée par… Christelle et Jérôme ! Papotage, redescente, et dodo alors que le ciel finit de se dégager des nuages de la journée. 

Après une bonne nuit, ni trop chaude ni trop froide, nous déjeunons et rangeons le bivouac rapidement dans la pénombre de l’aube. Nous filons vers le refuge sur le sentier descendu la veille. Sans nous arrêter, nous enchaînons avec l’ascension de la moraine, puis prenons pied sur le glacier aux premiers rayons du soleil. Je sens que je ne suis pas au top de ma forme physique, mais la pente est bien régulière et nous parvenons à une petite brèche au pied de l’arête assez rapidement. Deux cordées viennent de partir. Le temps de nous équiper, et nous suivons. La première longueur - première depuis bien longtemps pour moi - passée, Antoine passe devant en corde tendue. Nous avançons bien, dans un rocher parfait, où malgré quelques ressauts raides l’escalade est toujours plaisante et jamais difficile. Les protections sont faciles et rapides à poser. La vue se dégage, du Mont Blanc à la dent Blanche. Nous rattrapons la cordée qui nous précède peu avant le sommet nord et la dépassons dans la descente qui suit. Le rocher est toujours aussi bon et la progression ludique. Après un couloir annoncé en rocher péteux, qui s’avère en réalité tout à fait correct, nous rattrapons la cordée de tête, et tirons quelques longueurs en attendant de pouvoir doubler. C’est chose faite au sommet central. Il fait un temps magnifique, la vue s’étend désormais au mont Rose et aux sommets de l’Oberland bernois. Nous sommes largement dans les temps du topo. Une petite pause, et c’est reparti. Nous ne verrons plus personne jusqu’à la fin de la course. 15 gendarmes nous attendent, que je m’efforce de compter. Le rocher est toujours aussi bon. Deux longueurs plus redressées nous réveillent un peu les avant-bras, surtout que le tirage est parfois fort en corde tendue ! Nous commençons à nous lasser lorsque nous arrivons au dernier sommet. Pique nique au soleil, rafraîchis par une petite brise. La descente se fait ensuite rapidement, d’abord sur l’excellent rocher dont nous profitons depuis le début, puis, après un petit col, dans des pentes de schiste gris où quelques cairns et une vague sente indiquent la voie. Au bout d’une heure, nous arrivons au bout de l’arête. Nous nous déséquipons et nous lançons dans la descente, qui va s’avérer très longue ! Nous croisons peu avant notre bivouac deux mules qui montent, lourdement bâtées, vers le col. Ce sont Jérôme et Christelle avec leur déménagement, en route vers le vallon des Dix. Nous récupérons le bivouac, et reprenons la route vers le camping. Suite à un manque de préparation, nous manquons le sentier qui descend directement, et nous nous trouvons à enchaîner des lacets presque plats sur une piste d’entretien de la station… Le paysage est beau mais ce n’est pas très efficace. Nous finissons tout de même par arriver à l’épicerie pour faire quelques emplettes. La course se finit par une bonne douche et une glace à l’abricot à l’hôtel de la Tsa ! Deux bien belles journées en montagne sur un rocher de rêve. Merci président !