04-07-2022
Vanoise
744
2517
3261
PD
11h
0

Au refuge du col de la Vanoise : réveil 3h50, petit déjeuner 4h et départ 4h40. Nous partons à la frontale en direction du Sud-Ouest pour suivre une sente qui remonte plein Sud dans des dalles inclinées. Chemin très bien indiqué avec de nombreux cairns. Nous atteignons le début du glacier de la Roche Ferran aux premières lueurs du jour. Nous cramponnons et installons les cordées avec : (1) Laure, Guillaume, Thomas ; (2) Patrice, Catherine; et (3) David, Dominique et moi-même. Nous observons la pointe de la Réchasse à notre gauche et traversons le glacier relativement plat en direction de la pointe Ouest ; avec une pente qui s’élève légèrement sur la fin à la base du Mont Pelve. Nous arrivons au départ de la course situé sur des roches assez instables. La première cordée se lance (1), suivi de nous (3) et le couple gaulois (2) qui ferme la marche. L’ascension est facile au début et se poursuit par de nombreux ressauts, passages aériens et zones parfois accidentés. À noter que la roche est parfois très fragile à certains endroits, donc faire toujours bien attention au choix des spots pour les coinceurs/friends. David a leadé la première partie et m’a ensuite demandé si je souhaitais mener la suite. J’étais extrêmement heureuse qu’il me fasse confiance et qu’il me donne cette opportunité. C’était la première fois que j’avais la chance de poser le matériel pour sécuriser pour une codée. Il m’a expliqué certaines astuces comme le placement de système de protection dans les lunules. J’ai énormément appris pendant cette excursion. Nous progressions à un rythme assez lent mais en toute sécurité. Au sommet nous avons retrouvé les autres cordées pour un court déjeuner avec une vue imprenable. Nous avons ensuite enchaîné trois rappels pour rejoindre le glacier. Nous cramponnons à nouveau et entamons la descente sur une pente assez raide que nous descendons en « escalier de face ». Nous ajustons à nouveau les longueurs de cordes et entamons la traversée du glacier. Je passe en première de cordée et suis celle menée par Laure. Arrivée sur le lac gelé je perds les traces de crampons des premiers. Je poursuis le chemin approximativement et arrive sur le bord du lac avec un sol plus dur et rocailleux. Je poursuis encore de quelques pas et arrive à nouveau sur la neige. De façon imprévisible (car il n’y avait aucun signe de failles ou crevasses environnantes), mon corps passe brutalement à travers la neige. Seul mes épaules et ma tête sont encore à la surface. Assez sereine, je me dis que je suis tombée dans un trou de neige à cause d’une couche un peu fragile. Je baisse les yeux en pensant que mon corps serait recouvert de neige. En réalité, je vois mes pieds se balancer dans le vide au-dessus d’un gouffre sombre qui s’étend de part et d’autre de moi. Je ne vois pas le fond. Seul une couche de neige et de glace me maintient encore à la surface et je vois que cette dernière commence doucement à s’écrouler sous mon poids au niveau de mon épaule gauche. Instinctivement, je plante le piolet dans la zone rocheuse à ma droite et me redresse dessus en faisant une roulade (ça fait effet film d’action américain dit comme ça mais en réalité ce n’était pas très dur). Tout s’est finalement passé en quelques secondes ; mais chaque détail de ce moment me sont restés et en font un souvenir éternel. Je n’ai pas du tout été traumatisée par cette expérience et je me suis toujours dit que cela faisait partie des risques et que nous sommes préparés à ces éventualités. Et au pire. J’aurais été suspendue comme un saucisson ! (Le comble pour une végétarienne :p). En parlant de tout ça à Patrice, je lui ai demandé « Mais toi aussi, ça a dû t’arriver plein de fois de tomber dans des crevasses ? » et il m’a répondu « Ah non ! Pas des comme ça ! ». Je ne savais pas trop quelle tête faire face à cette information ; mais ça me fait sourire en y repensant. Le reste de la traversée s’est faite sans encombre. Je me rappelle qu’il faisait très chaud, que le soleil tapait fort et que la neige était molle sous nos pieds. Nous avons rejoint le refuge pour débriefer de notre Aventure autour de boissons en autres en-cas (énorme crêpe au chocolat pour ma part = détail inutile mais bon).

 

En conclusion, une ascension qui restera unique, riche en souvenirs et pleine d’apprentissage. Merci à tous les gaulois avec qui j’ai partagé cette belle Aventure. Et merci encore à ce club de nous donner l’opportunité de vivre tout ça.

 

(Et un « special thanks » à David pour les tutos et aussi pour les rappels sur les détails de la sortie).