14-07-2023
Ecrins
D
1

Après avoir pris deux sexagénaires en stop, nous voilà arrivé sur le parking.
Le soleil est haut dans le ciel. La randonnée jusqu'à la bifurcation vers le lac des fétoule se fait sur un sentier agréable en passant par chalet et cascade. La suite est plus sauvage avec un chemin moins tracé et plus végétatif. Nous le suivons en traversée ascendante jusqu'à arriver au petit coin de paradis : le lac des fétoules. Nous sommes seuls, le lac est très sympa et les emplacements bivouac sont aux petits ognions. On préparare le camp et pendant que claire fait une petite sieste, je pars en reconnaissance de l'itinéraire du lendemain que l'on fera de nuit.

Je trouve l'embranchement discret qu'il ne faut pas louper et je poursuis jusqu'au pied de la barre rocheuse.
Je continue à travers un sytème de rampe herbeuses et passe la barre. On s'arrêtera là pour la reco. Le soleil semble vouloir aller se coucher, il est temps de descendre. Peu après le gros cairn je rencontre un camarade alpiniste.
François : "ça roule? Vous revenez de la ouest des fetoules?"
Le camarade : " Ouep, mais on a trouvé ça bien long ! L'itinéraire est pas facile à trouver et on s'est perdu à 3 reprises et puis il y a rien dans la voie !"
François : "Ok, bonnes condis sinon?, vous dormez au refuge ce soir?
Le camarade : " top condis et oui on descend au refuge."
Un bref coup d'oeuil à la montre, il est 21h20.

Je rejoins Claire au pas de course qui finit de manger.
Je prépare la semoule et l'accompagne. Et hop dans le duvet, le réveil est fixé au petit matin. Le ciel est clair et c'est sur fond de grande ours que l'on s'endort paisiblement. Il est 3h, le réveil sonne.
Nous n'avons pas été dérangé par la légende du lac, le fameux goupil. Limite déçu :)
Après un petit thé, on attaque l'approche dans la nuit. Il est 4h.
Le rythme est régulier, il n'y a pas de vent et il ne fait pas froid. Une fois au sommet de la barre, l'itinéraire enchaine en traversée ascendante sur la droite. Le jour se lève doucement et on peut éteindre notre frontale. Le pierrier finale est raide et un peu casse patte pour arriver au pied des dalles.

La corde est de sortie ainsi que les chaussons en prévision du petit pas de dalle en 5b en sortie du dièdre renfougne.
Le rocher est très bon, les passages de dalles sont agréables et rapidement on enchaîne sur une rampe sur la droite qui moyennant un petit pas athlétique et une traversée sur la droite nous amène au pied du dièdre. L'ambiance est très sympa ici, et ce dièdre est atypique car il se grimpe plutôt en renfougne. Je tire une grande longueur de 50m en totale renfougne.
L'escalade y est plaisante et le rocher très bon. Après avoir fais relai sur les 2 pitons, on enchaîne par le pas de dalle en traversée qui est très bien protégé.
Une fois sorti de ce passage, le vent vient nous chahuter un peu. Une cordée de 3 avec un guide est derrière nous. La suite se fait dans une face où la grimpe n'y est jamais très difficile mais reste grimpante quand même. On doit trouver l'itinéraire le plus astucieux possible pour rejoindre le sommet de la pointe du Faune. Là haut nous sommes cueillis par le vent. La vue sur la pointe Barbey est impressionnante et très esthétique.
J'attaque une desescalade sur le fil jusqu'à la breche en mettant 2 friends pour claire. Elle me rejoint sans encombre.
A la breche, c'est la tempête. On ne s'éternise pas et on traverse à flanc pour rejoindre la base de la pointe Barbey. Une rampe s'en suit et la grimpe se fait par un enchainement de cheminées fort ludiques. Après quelques passages encore un peu grimpant, nous voilà hisser sur la pointe barbey. Moyennant un petit rappel, l'itinéraire suit une rampe aérienne en mauvais rocher qui permet de contourner le carquoi. La suite est facile et se fait sur le fil de l'arrête jusqu'au sommet de la pointe des fétoules. Les nuages tournent dans le ciel et sont plutôt menaçants, on ne s'éternise pas.
La pluie commence à tomber légèrement mais s'arrête rapidement. Ouf !
Après un brin de désescalade sur l'arrête, les crabes sont de sortis. Les conditions de la voie normales sont optimales, il n'y a qu'à suivre les traces jusqu'au pierrier.

La suite se déroule dans un sentier raide qui nous amène au lac des fétoules. On refait les sacs et c'est partie pour la descente jusqu'au parking.
On arrivera pour 19h, après une bonne journée.

Cette magnifique course clôture notre trilogie des arrêtes Ouest des écrins.

Claire a préféré la ouest des Cavales, cette voie dont elle a vu le nom un jour dans un refuge au sein d'un livre poussiéreux.
Quant à moi, c'est sans nul doute la dernière ma préférée, de part son caractère sauvage et bien à l'ancienne.