06-03-2017
Canigou - Catalogne Est
F
5j
Mathilde, Sabine

Autour d'une table, autour d'une soupe, le Crew s'était réuni. C'était décidé, il traverserait le Vercors du nord vers le sud en ski de randonnée nordique. Le programme était arrêté, il ne restait plus qu'a attendre voir se profiler la date fatidique. Tout allait pour le mieux, que pouvait-il bien se passer? Mais le Crew avait été dépassé par la saison. L'heure était au bourgeonnement, au verdoiement. La neige était lavée, rangée. Le blanc ringardisé, remisé au rang d'ancienne relique.

Il ne restait plus qu'à décider d'un plan B, puisque le Plan A semblait couler.

Lundi 6 mars, 14 heure. Le Crew se retrouve. Sa composition a varié, un désistement et un remplacement, effectué si vite qu'il fit pâlir de jalousie plus d'un entraîneur. Dans un retournement de veste magistral, les skis ont étés oubliés, les chaussons fièrement exhibés. Il file il file, le petit bus du grimpeur. Il file vers les Corbières, région proche de Perpignan où le soleil semble faire résistance.

Mardi 7 mars, 9h. Le Crew est dépité. Il vente, il pleu. On se lamente, on disserte sur le degré d'humidité sur la pierre, ramené au coéfficient de vent du nord, divisé par la racine carrée de la motivation du grimpeur. A la faveur d'une éclaircie, et dans un élant d'espoir, les picnic sont rapidement fourrés dans un sac et le bus file vers Opoul, une longue bande de calcaire qui barre la garigue. Abrité du vent et abrité de la bruine, voici deux qualités fondamentale en cette journée.

Après un bref émerveillement face aux pyrénées enneigées (elles!), et quelques errances dans la garigue pour rejoindre le site (pourtant desservi par un large chemin, mais le Crew n'aime pas se contenter de la facilité), le pied des voies est enfin rejoint. Il ne reste plus qu'a courir sur la roche, excité par ce rocher très franc (un peu trop peut être, diront les responsable de l'entretiens des phalanges). Du 5a au 7a, ça fait une belle ribambelles d'essais, la plupart du temps couronnés de succès. Mais parfois, il faut le reconnaitre, le Crew n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Rapidement, de très nombreuses dégaines poussent dans les voies. Dépités, les grimpeurs attendent de voir si ces étranges plantations vont fleurir, avant de s'avouer vaincu et de se lancer en de complexes manoeuvres pour récupérer toute cette quinquaillerie.

Entre temps, un étranger approche. Lunettes rondes, petit bonnet, l'homme seul demande si il peut se joindre au Crew. Ce dernier n'étant pas sectaire, il accepte sa présence. L'homme profite d'une corde laissée en place pour s'auto assurer dans une voie de chauffe. Un chauffe qui côte 6b+, tout de même. Il déconne pas, le nouveau! Finalement, à la faveur du soleil tombant, le Crew prends la route du retour, heureux de cette première journée.

Mercredi 8 mars, 9h. Cette fois ci, c'est un beau soleil qui s'annonce. Cette fois-ci, la route mène le Crew à l'Alzine. Arrivé sur le parking, un contretemps viens pimenter la journée. Une paire de chausson a été oublié. Ne pouvant supporter cette injustice, le Crew se sépare en deux groupes: un groupe de trois se mets en quête du site, quand un groupe de un repart chercher la paire abandonnée (laissons aux chantres du vocabulaire le loisir de disserter de la notion de groupe de un). Après une petite marche sur une ancienne route ravagée par les crues au look apocalyptique, la falaise apparaît enfin. Bien ensoleillée, surplombant une rivière, l'endroit serait parfait pour une sieste collective si une carrière toute proche ne laissait pas échapper à intervalle irréguliers de fortes explosions.

Le rocher est magnifique et propose une escalade très agréable, malgré l'antijeu manifeste de l'ouvreur cotant assez sèchement ses voies et aérant quelque peu l'équipement par endroit. Mais il en faut plus pour effrayer le Crew. Le secteur est parcouru en long, en large. De jolies dalles proposent  au grimpeur de travailler son jeu de jambe et ses placement. Découverte pour certain(e)s que, oui, même quand il n'y a rien, ça tient. Quelques voies plus physique, proposant fissure à coincement et (rapide) colonnettes sont exploré, par soucis de diversité. L'endroit est si agréable qu'il faudra que le soleil disparaisse pour que les grimpeurs se décident enfin à rentrer, sous un ciel zébré de rouge.

Jeudi 9 mars, 9h. Voilà une journée au programme chargé. Il a été décidé de reprendre la route vers le nord le soir. Il faut donc, avant la grimpe, ranger la maison que nous à gentiment prêté Jean Luc (le Crew lui doit reconnaissance éternelle, que la paix et la gloire soit sur lui pour les trois millénaires à venir). Ceci fait, et après un arrêt cave à vin & dégustation, le site du Gouleyrous est atteint. Une petite gorge, une eau claire et un rocher franc (mais enfin doux sous les doigts), voici un aperçu de ce qui attends le Crew. Les cordes finiront-elles mouillées? Les cordées finiront elles à l'eau? Autant tuer tout suspens, un Gaulois fini rapidement par se débattre dans le courant, et ce malgré les panneaux interdisant toute baignade (il est temps que le Comité directeur se prononce sur ces Gaulois inconscients qui enfreignent les règles et jettent ainsi l'opprobre sur le club).

De belles écailles, franches mais nécessitant parfois un peu de réflexion et de placement, voilà le terrain de jeu du Crew toute la matinée. Plus loin, une belle grotte attire l'intérêt. En voilà un rocher magnifique, rouge et aux nombreux bacs. Mais son profil (très) déversant, ainsi que l'espace entre les points provoque une syncope chez le grimpeur. Heureusement, le Crew ne se démonte pas et une moulinette fini par y être installée. Dans ces conditions, aucune raison d'avoir peur, non? Pourtant ... Après quelques cris, beaucoup d'encouragement et un zeste de persévérance, deux grimpeurs viennent à bout de cette voie. La satisfaction se lit sur leurs visages. Du coté des grimpeuse, c'est aussi la fierté qui domine, après avoir affronté des démons, en tête sur un pas plutôt impressionnant!

*scène coupée dans laquelle on retrouve une sombre histoire de baignade et de pipi dans l'eau*

Mais il est temps de prendre la route vers le nord, quitter le soleil des Corbières pour le soleil de la Drôme. La route est longue, alors pour se donner du courage, le Crew mets en route son SoundSystem, balance tout les Wats et envoi les décibels. Au top de la mode, au top des nouvelles tendances, musique quasi-expérimentale.

♪♫♫♪♪ CE RÊÊÊÊÊVEEEEEUUUU BLEEEEEUUUUUUUUUUUU! ♪♫♫♪♪

vendredi 10 mars, 9h. Le Crew est arrivé dans la soirée à Pont de barret, et s'y est même retrouvé agrandi d'un membre. Le pot de Nutella, fruit d'un obscure paris, est enfin fini. Après une traversée de rivière effectuée dans le sang et les larmes, et une approche pleine de sueur, le pied des voies est rejoint. Il fait si chaud, il est dur de se motiver. Le rocher déroute tant il est différent ce qui a été le quotidien du Crew les jours précédent. Des voies verticales, voire limite déversantes, des prises moins franches et de nombreuses strates. Allons, soyons bon prince, si le dépaysement est moindre que dans les Corbières, c'est une jolie journée de grimpe qui occupe encore une fois le Crew.

Mais déjà, il est temps de se séparer. Le Crew est dissous, entre ceux qui restent et ceux qui rentrent. La route, encore. C'est qu'il ne faudrait pas croire, certains ont des choses bien plus importantes à faire que grimper. *rires de l'assemblée*.